GOMA, RDC. L’impensable s’est produit. Fin mai 2025, après six années d’un silence assourdissant, l’ancien président congolais Joseph Kabila Kabange a fait une apparition spectaculaire à Goma, s’affichant ouvertement aux côtés de la rébellion M23. Cette alliance de circonstance, qui défie Kinshasa et le bon sens, n’est pas le fruit du hasard. Elle s’explique par cinq motivations stratégiques, cyniques et potentiellement dévastatrices.
Préparez-vous à plonger au cœur d’une stratégie politique des plus machiavéliques, où le chaos devient une monnaie d’échange.
1. La Vengeance Politique : Tshisekedi dans le Viseur !
Depuis son départ du pouvoir en 2019, Joseph Kabila nourrit une rancœur tenace envers son successeur, Félix Tshisekedi. Accusé publiquement de soutenir l’Alliance du Fleuve Congo (dont le M23 est un membre influent), Kabila a attendu son heure. Son retour fracassant n’est pas un simple « come-back » : c’est une déclaration de guerre politique. Kabila se positionne en alternative au Président actuel, n’hésitant pas à instrumentaliser la guerre dans l’Est pour démontrer l’incapacité de Tshisekedi à pacifier le pays. Est-ce le dernier coup d’un homme blessé, ou le début d’une croisade pour reprendre son trône, quel qu’en soit le prix ?
2. Le Chaos comme Opportunité : Quand l’Instabilité Devient Stratégie
Alors que la RDC est en proie à un « chaos » grandissant dans l’Est, où les rebelles M23 (toujours soupçonnés d’être soutenus par le Rwanda) ont étendu leur emprise, Joseph Kabila émerge de son isolement. Ses proches l’affirment : il veut reprendre le contrôle d’un pays à la dérive. Mais n’est-ce pas Kabila lui-même qui, en s’affichant avec le M23, alimente cette instabilité qu’il prétend vouloir combattre ? Sa connaissance intime de la région et ses anciens réseaux militaires sont désormais mis au service d’une stratégie du pire, où l’instabilité est une marche vers le pouvoir.
3. L’Immunité Judiciaire : Goma, un Sanctuaire Contre la Justice ?
La justice congolaise est à ses trousses. Le Sénat a levé son immunité parlementaire, ouvrant la voie à des poursuites par la Haute Cour militaire. Les accusations ? Être l’instigateur même du M23. En se rendant à Goma, ville sous contrôle rebelle, Joseph Kabila ne fait pas qu’un retour politique. Il défie ouvertement l’autorité de l’État tout en cherchant un refuge temporaire contre les mandats d’arrêt qui pourraient le viser. Le territoire rebelle est-il devenu son nouveau havre de paix, une zone de non-droit où l’impunité est garantie ?
4. La Convergence d’Intérêts : Une Alliance Contre Nature, mais Efficace
« Pas d’alliance formelle », clame l’entourage de Kabila, mais un « même objectif » : la chute de Félix Tshisekedi. Cette convergence d’intérêts, bien que tactique, est diaboliquement efficace. L’ancien président gagne un « bras armé » pour exercer une pression militaire sur Kinshasa, tandis que le M23 voit sa légitimité politique renforcée par l’aura d’un ancien chef d’État. Cette union sacrée contre le pouvoir central est-elle une trahison pure et simple de la souveraineté congolaise, ou un coup de génie stratégique qui va redéfinir la guerre dans l’Est ? La question brûle les lèvres.
5. Le Repositionnement Géopolitique : Jouer sur les Tables de la Paix
Le timing de cette apparition est tout sauf anodin. Alors que des négociations de paix cruciales entre le gouvernement congolais et le M23 se déroulent à Doha, la présence de Kabila à Goma jette un pavé dans la mare. Elle complique les discussions, renforce la position des rebelles, et pourrait faire exploser le processus de paix. Kabila cherche-t-il à se rendre indispensable sur la scène régionale et internationale, à se présenter comme le seul interlocuteur capable de ramener la paix… qu’il semble vouloir lui-même compromettre ? C’est un pari risqué sur l’avenir du pays.
Conséquences Explosives et Perspectives Incertaines
Cette réémergence politique de Joseph Kabila, marquée par une rencontre ouverte avec les rebelles, est une escalade majeure. En réponse, le gouvernement de Kinshasa a déjà suspendu le PPRD, le parti de Kabila, et ordonné la saisie de ses biens.
Cette alliance, que certains qualifient de contre-nature, entre l’ancien président et les terroristes du M23 illustre la fragmentation alarmante du paysage politique congolais et l’instrumentalisation des conflits armés à des fins purement politiques. Elle menace d’aggraver l’instabilité dans une région déjà exsangue, tout en torpillant les efforts de paix régionaux patiemment construits.
La RDC est-elle sur le point de plonger dans une nouvelle ère d’incertitude ?
Seul l’avenir nous le dira, mais les signaux sont alarmants.