Washington mise gros sur Kinshasa. Avec plus de 3 milliards de dollars sur la table, les États-Unis comptent bien faire de la RDC leur partenaire privilégié en Afrique centrale. Tour d’horizon des sept projets qui vont changer la donne.
- Le Corridor de Lobito : L’autoroute du cuivre et du cobalt
Budget : 560 millions de dollars
Le joyau de la couronne. Cette ligne ferroviaire de 1 300 km va relier les mines du Katanga au port angolais de Lobito, offrant enfin une alternative crédible aux routes traditionnelles vers l’Afrique du Sud. Un prêt direct de 553 millions de dollars au Lobito Atlantic Railway va permettre de moderniser entièrement l’infrastructure.
Pourquoi c’est révolutionnaire : Première liaison ferroviaire transcontinentale à accès libre en Afrique. Les minerais congolais pourront rejoindre les marchés mondiaux en quelques jours au lieu de plusieurs semaines.
L’impact en chiffres : 30 000 emplois créés, selon Félix Tshisekedi. De quoi faire rêver dans un pays où le chômage des jeunes dépasse les 40%.
- Routes : Sortir enfin de l’isolement
Budget : 450 millions de dollars
Fini les routes impraticables qui paralysent l’économie congolaise pendant la saison des pluies. Le programme américain prévoit 2 000 km de routes bitumées pour connecter les grands centres aux zones rurales.
Les axes stratégiques :
- Kinshasa-Matadi : la route de l’or noir vers l’Atlantique
- Lubumbashi-Kolwezi : l’artère minière du Katanga
- Kisangani-Goma : ouvrir l’Est meurtri par les conflits
Le petit plus : Des routes rurales pour que les paysans puissent enfin écouler leurs récoltes sans perdre la moitié en chemin.
- Électricité : Allumer enfin la RDC
Budget : 380 millions de dollars
Paradoxe congolais : le pays possède 60% du potentiel hydroélectrique africain mais seulement 20% de la population a accès à l’électricité. Washington veut changer la donne avec 15 nouvelles centrales hydroélectriques.
Les ambitions :
- 5 000 km de lignes électriques supplémentaires
- 500 villages ruraux électrifiés
- Alimentation fiable pour les zones minières
L’enjeu : Faire de la RDC le « château d’eau énergétique » de l’Afrique centrale, comme le rêve Kinshasa depuis des décennies.
- Ports et aéroports : Ouvrir les cieux et les mers
Budget : 320 millions de dollars
Comment exporter quand vos infrastructures datent de l’époque coloniale ? Les Américains mettent le paquet sur la modernisation des points d’entrée du pays.
Au programme :
- Doublement de la capacité du port de Matadi
- Lifting complet de l’aéroport N’djili de Kinshasa
- Nouveaux terminaux cargo à Lubumbashi et Goma
L’objectif : Faire de la RDC une plateforme logistique régionale capable de rivaliser avec Durban ou Lagos.
- Révolution digitale : Connecter la RDC au monde
Budget : 280 millions de dollars
La RDC compte déjà 45 millions d’utilisateurs de téléphones mobiles, mais la connectivité reste aléatoire. Les États-Unis veulent démocratiser l’accès au haut débit.
Le plan d’action :
- 8 000 km de fibre optique à travers le pays
- 200 nouvelles antennes 4G
- Internet haut débit dans toutes les universités
La vision : Transformer Kinshasa en hub technologique de l’Afrique centrale et faire émerger la prochaine génération de licornes congolaises.
- Agro-business : Nourrir le géant affamé
Budget : 250 millions de dollars
Avec 80 millions d’hectares de terres arables, la RDC pourrait nourrir l’Afrique. Mais faute d’infrastructures, le pays importe encore 70% de sa nourriture. Les Américains veulent inverser la tendance.
Les investissements :
- 50 centres de stockage ultramodernes
- 25 unités de transformation agroalimentaire
- Irrigation de 100 000 hectares
L’ambition : faire de la RDC le grenier de l’Afrique australe d’ici 2030.
- Santé et éducation : Investir dans l’humain
Budget : 200 millions de dollars
On ne développe pas un pays sans investir dans son capital humain. Les États-Unis prévoient un vaste programme de construction d’écoles et d’hôpitaux.
Les réalisations attendues :
- 100 nouveaux centres de santé
- 500 écoles primaires et 100 secondaires
- Équipement médical de pointe pour 20 hôpitaux
L’impact : Améliorer l’accès aux services de base pour 20 millions de Congolais.
Le calcul géopolitique de Washington
Cette générosité américaine n’est évidemment pas désintéressée. Avec 70% des réserves mondiales de cobalt et d’importantes réserves de lithium, la RDC va devenir stratégique pour la transition énergétique mondiale. Washington veut sécuriser ses approvisionnements face à la Chine, qui contrôle déjà une grande partie du secteur minier congolais.
Quelques chiffres :
- 150 000 emplois créés au total
- +15% de croissance du PIB sur cinq ans
- 30% de réduction de la pauvreté en zones rurales
Kinshasa 2025 : Le test de vérité
Le Forum AGOA prévu à Kinshasa en 2025 sera le premier test de cette nouvelle lune de miel. Si la RDC réussit à attirer d’autres investisseurs américains, le pari de Félix Tshisekedi sera gagné. Dans le cas contraire, ces projets risquent de rester des châteaux en Espagne comme tant d’autres avant eux.
Une chose est sûre : jamais la RDC n’avait jamais eu une telle opportunité de transformer son potentiel en prospérité réelle.
Reste à voir si Kinshasa saura la saisir.